Marie-Emmanuelle, votre coach énergétique...

J'ai hérité de ta sensibilité mais j'ai tant appris en t'observant. Je deviens adulte grâce à toi.

Tu camouflais ta fragilité et ta pudeur derrière des kilos superflus mais tes proches n'ont jamais été dupes. Même tes silences en disaient long. Et la maladie, petit à petit, avait fait tomber toutes ces carapaces et nous avons pu échanger directement de coeur à coeur, sans intermédiaires.

Nous avons ainsi eu le temps de nous dire tout ce que nous avions à nous dire, nous avons fait tomber nos barrières pour nous témoigner notre amour respectif. Tu as pris le temps de te préparer et de nous préparer à l'inéluctable. Ainsi, tu es parti serein et paisible, entouré des tiens.

Ces derniers mois, tu m'as ainsi transmis ta force et ta puissance de caractère.

Je garde de toi, papa, l'image d'un homme déterminé, qui ne courbe jamais l'échine et qui reste digne en toutes circonstances. Très pudique de tes sentiments mais tellement passionné et passionnant. Un homme attachant qui n'a jamais laissé personne indifférent et la présence de tant d'amis le prouve encore aujourd'hui. Un battant, un combattant même, qui résiste à toutes les épreuves. Celles de la guerre, des trahisons diverses, celle de la perte de ta maman tant aimée il y a une 40aine d'années et surtout de ta soeur, l'année dernière.

Et depuis maintenant 2 ans, tu as lutté contre la maladie... Tant de pathologies pour un seul homme... « Il est usé de partout » avaient dit tes médecins. Tu ne t'es jamais ménagé...

Tu as pourtant résisté comme un acharné. Maman, ton épouse, t'a soutenue à bouts de bras et vous avez passé ce cap de la maladie et du grand départ ensemble, courageusement et amoureusement.

Tu nous a prouvé une nouvelle fois ta rage de vivre et ton optimisme. Et jusqu'au bout, tu avais des projets qui te tenaient à coeur : de tes timbres de collection aux travaux réalisés dans ta maison de Chauchigny.

Et puis, ces dernières semaines, tu as compris : lucide jusqu'au dernier souffle, tu as accepté l'inacceptable, dignement. Tu nous as ainsi permis de t'étreindre une dernière fois, de partager de la tendresse pour nous laisser des souvenirs éternellement intenses.

Tu es beau, tu es grand, tu es fort...

Je puise en toi, papa, car je veux être digne de toi.

Ton amour m'a toujours enveloppé et m'enveloppera toujours.

Tu changes simplement de paysage...

Comme le dit ma petite filleule Marine qui a 4 ans : « Tu es parti retrouver tes copains morts »...

Alors embrasse les tous... Votre présence physique nous manque même si vous êtes et serez toujours dans nos coeurs.

Aimons-nous vivant pour ne pas passer à côté de ce qu'il y a de plus important dans la vie.

A tout de suite. Je t'Aime, mais ça tu le savais déjà.

Aimons-nous les uns les autres.

Amen (pour les Catholiques),

Nam Myoho Rengué Kyo (pour les bouddhistes que nous sommes, mon frère et moi.)

Marie-Emmanuelle,

le 1er octobre 2010

(Cérémonie en l'Eglise d'Arcis Sur Aube)